Ma chronique du nouveau black angels :
6 ans, deux albums, deux EPs et une poignée de singles après leur création, on pouvait se demander où allaient bien encore nous emmener les texans de The Black Angels à l'occasion de cet album, annoncé depuis maintenant un bon moment. Alors que le premier opus était un hommage à leurs groupes fétiches autant qu'un témoignage du retour aux affaires de la vague "neo-psyche" comme on l'appelle, le second était plus construit comme un bloc, une sorte de voyage sous acides dans le désert américain, enveloppé dans une épaisse couche glaciale de reverb.
Une chose est sûre, avec un titre pareil (Phosphene désigne les formes colorées que l'on peut voir en faisant une pression sur ses propres yeux fermés), les anges noirs n'avaient pas laissé tomber leur psychédélisme.
Pour ce troisième album, le groupe s'est attaché les services de Dave Sardy (qu'on connait entre autres pour avoir été le producteur d'oasis), c'est la première fois que le groupe ne produisait pas son disque. Une information qui laissait donc, encore plus, planer le doute sur l'orientation de ce nouvel opus.
L'album sort donc aujourd'hui et ayant déjà pu l'écouter je vous propose une petite review track by track :
Bad Vibrations : Ouverture toute en puissance pour ce disque, la section rythmique bastonne tranquillement, un riff bien lourd entouré d'une petite phrase de guitare assez 50s et noyée dans des effets de tremollo qui font tourner la tête. Cette fois c'est sûr le psychédélisme des black angels est toujours là.
Haunting at 1300 McKinley : Un titre qu'on pourrait croire issu d'un album des Doors, impression renforcée avec une voix qui rappelle ce bon vieux Jim sans le singer. Très très efficace.
Yellow Elevator #2 : Probablement le titre le plus ambitieux du disque. Il commence dans une ambiance assez groovy pour vite virer à un rock psyché que n'aurait pas renié Syd Barrett. Là encore on apprécie à sa juste valeur le boulot considérable de Dave Sardy à la production. Le titre se termine dans un dernier souffle très pop et planant. Et oui, les Black Angels, en plus de sonner du tonnerre, savent écrire des chansons. Magistral !
Sunday Afternoon : Un morceau très 60s, avec un petit orgue et une basse bien groovy comme ça c'est presque du boogaloo. Personnellement il me fait aussi un peu penser à des titres bien groovys des débuts de supergrass avec quelques effets psychés en fond à la 13th Floor Elevator. Un vrai tube.
River of Blood : L'intro envoie du steak bien saignant directement, ensuite on retrouve une ambiance très Doors (toujours cette voix entre Morrison et Barrett). Le titre se termine aussi fort qu'il a commencé, c'est puissant.
Entrance Song : Kasabian auraient aimé l'écrire. Hymne de stade en puissance.
Phosphene Dream : On laisse retomber volontairement le rythme du disque pour faire souffler un peu, c'est judicieux et parfaitement adapté. Très intelligent, et morceau "de transition" parfait.
True Believers : Cette fois on est plus dans un trip Velvet Underground, et c'est une grosse grosse claque... Le son est une nouvelle fois au top, et Dave Sardy mérite franchement sa réputation de producteur de génie lorsqu'on écoute ce titre. Il se termine d'ailleurs un véritable chaos de basse baveuse qui viendra terroriser vos enceintes et les hanter à tout jamais.
Telephone : Le titre le plus dansant du disque. Une nouvelle fois on souligne une production exemplaire pour ce morceau très rétro, sorte de fusion entre les Beatles première époque avec toujours une voix à la Jim Morrison. 1:59. Le morceaux est désormais indispensable dans toute bonne soirée qui se respecte.
The Sniper : Une fermeture d'album qui donne des frissons... cette fois le groupe balance un titre à la Led Zeppelin... sorte de blues rock poussiéreux des années 70... 40 000 groupes se sont déjà cassé le nez sur cet exercice, mais les black angels s'en sortent bien, et même, disons le, très très très bien... Incroyable, personnellement je ne les aurais jamais pensé capable d'un tel truc.
Conclusion : Un troisième album très différent des deux premiers (surtout du deuxième) avec des morceaux très construits. On constate que l'héritage de leur groupes fétiches est toujours présent et aussi en avant mais qu'il est également toujours aussi bien digéré et qu'ils gardent leur patte sur chacun des dix morceaux de cet album. Le songwriting est tout bonnement splendide et la production à couper le souffle. Pour le moment, Phosphene Dream est pour moi, sans contestation possible, l'album rock de cette année 2010.
Les Black Angels sur Deezer (nouvel album en écoute le 14 sept mais le 2è est dores et déjà dispo) :
http://www.deezer.com/fr/#music/the-black-angelsQuelques titres de Phosphene Dream sur Youtube :