Au cas ou certains auraient zappés voici une autre critique par les crétins de belges du site de poprock.com ( oui j'ai déjà posté le lien plus tôt mais bon elle a le mérite de me faire rire et est bien écrite)
Le flop du mois
Guns N’ Roses "Chinese Democracy"
Rose N’ Roses...
Vous noterez le sous-titre assez quelconque, pas de gros mots, pas de verdict définitif. J’avais bien quelques idées, mais c’était assez minable : "C’était bien la peine d’attendre autant pour un telle merde", "Mieux vaut tard que jamais", "15 ans d’abstention, c’est long"... Oui c’est pathétique. Chinese Democracy, c’était la grosse blague, la fameuse "Arlésienne" du hard-rock (risible expression journaleuse). Les derniers fans qui rasaient les murs et évitaient le soleil, on les retrouvait les veines tailladées devant le téléchargement de la dixième démo non officielle qui sortait sur le blog d’un internaute ouzbèke. Au bout d’une si longue attente, nous étions en droit d’attendre quelque chose de musicalement irréprochable, l’exigence du client croît avec le temps qui passe. Mais il peut tout aussi bien laisser tomber, et aller voir ailleurs si la marchandise n’est pas un peu plus fraîche.
Axl Rose fait poireauter ses die hard fans depuis belle lurette, il serait bien pervers de ma part de vous faire patienter encore quelques lignes. Après moultes écoutes attentives, Chinese Democracy est globalement mauvais, ampoulé, incohérent et ringard. Vous pensez que j’ai une dent contre les Guns N’Roses ? Que je les ai toujours trouvé nazes à mourir ? Même pas. Bien au contraire, je l’attendais cet album, je fais partie de cette tribu de zombies qui s’accrochait à tout ce qui pouvait émerger du net en termes de démos, de nouvelles chansons, tout ce qui ressemblait à une date de parution, l’espoir me revenait, je trépignais, puis en fait non, nouveau caca nerveux d’Axl, et que dalle, que tchi, zob !
La patience a beau être une vertu, on finissait par se faire son propre disque en kit avec ce qu’on pêchait sur internet. D’ailleurs, je préférais de loin mon monstre de Frankenstein rapiécé que l’œuvre enfin achevée. Ce que l’on pouvait en écouter me plaisait au plus haut point, bien que très éloigné d’Appetite for destruction et du boulot des ex-Gunners. Pas moins bien, mais différent, très différent.
En définitive, Chinese Democracy, cela fait déjà quelques années que l’on pouvait s’en faire une idée. Puis vint en ce mois de novembre l’officiel objet. J’eus la cruelle impression de ne pas être face à une nouveauté, mais bien devant une compilation « Guns N’Roses 1998-2008 : The singles ». Maudit internet et ton monde fascinant ou tout va plus vite que la musique. Evidemment, et contrairement aux campagnes promotionnelles gargantuesques, tout cela est très éloigné de Guns N’Roses, nous parlerons au mieux de Rose N’Roses, un concentré de toute la mégalomanie exacerbée du despote botoxé.
Pour y voir plus clair et encore une fois éviter de perdre de précieuses minutes supplémentaires, nous allons nous la jouer bête track by track, de temps à autre, c’est encore le plus simple :
01. Chinese Democracy : Pour un morceau d’ouverture, annonciateur de quinze ans de travail "acharné", ça la fout mal, ça voudrait retrouver l’énergie des jeunes années mais c’est tout simplement foiré, refrain miteux, ça n’arrache rien du tout, merci de vous référer à Welcome to the jungle pour trouver un vrai tube rentre-dedans et immortel.
02. Shackler’s Revenge : Mythométal indus, hommage pathétique à Rob Zombie, paru en avant-première sur le jeu Rock Band 2, concurrent bâtard de Guitar Hero (le truc avec la guitare en plastique, là).
03. Better : Ça s’arrange, hormis la couche de bidouillages superflues, morceau déjà plus proche des expérimentations de Use your illusion II. Pas essentiel mais intéressant.
04. Street of dreams : Refourgue moisie de November rain.
05. If the world : Guitares hispanisantes, piano léger comme un Malteser, rythmique funky et recherchée, de l’or en barres au milieu de la ferraille. Inespéré.
06. There was a time : Chœurs mièvres (mort aux chorales !), pourtant sympa mais démoli par du pseudo-orchestral pompeux, limite vulgaire. Dommage car sans la surdose de crème chantilly, c’est très comestible.
07. Catcher in the rye : Soupe froide.
08. Scraped : Bon mais pas hallucinant de génie, se laisse écouter sans pulsions nauséeuses.
09. Riad n’the bedouins : Le refrain, c’est plus ou moins cela : "Haaaa ha haaaa, haaaa ha haaaa !!!", guitares en avant, quelques soli, bien mais pas top.
10. Sorry : Plutôt que des excuses post-coïtales, il faut parfois savoir s’abstenir. Vieille chute de studio de Use your illusion I très maquillée...
11. IRS : Axl parle de ses problèmes d’impôts, c’est nettement mieux que lorsque Florent Pagny s’y colle. Accrocheur, épique typique rosien, bonne pioche.
12. Madagascar : Écrit et composé il ya des lustres (écouté en live à Bercy en 2006, concert long mais énergique), arrangements presque sobres (comparé au reste), titre sombre et puissant, bon voire excellent (faible je suis).
13. This is love : Ballade mièvre si vous n’êtes pas de bonne humeur, émouvante si vous êtes plus conciliant (Axl n’est pas mauvais dans ce registre quand il s’en donne la peine).
14. Prostitute : Axl Rose se prend pour David Bowie...
Résultat ? Une merveille, trois très bons morceaux, du remplissage et de vraies horreurs. C’est faible au vu de l’attente, mais fallait-il vraiment espérer un chef-d’œuvre ? C’est d’autant plus incompréhensible que l’ensemble soit aussi mauvais lorsque l’on voit le line-up qu’Axl s’est offert. Rien qu’au niveau guitares, entre le polymorphe Ron Thal, le fort doué Richard Fortus, Robin Finck, le gratouilleux présent sur The slip de NIN, Buckethead, le guitariste prodige alien croisé avec un poulet (cherchez des photos si vous ne connaissez pas, ça vaut le coup), ça vous donne une belle équipe de virtuoses tout ça. D’autant plus qu’ils s’éclatent tout du long, et vas-y que je te fais un riff, et vlan le solo complexe à la Steve Vai. Musicalement, c’est irréprochable, c’est le travail de composition et la production qui est affreuse, loin de sonner comme du Guns 2000’s, ça laisse la sensation de vieilles chutes de studio lourdement remaquillées avant d’être jugées présentables pour faire le trottoir.
Chinese Democracy serait l’album le plus cher de l’histoire du rock, treize, quinze, vingt millions de dollars ? La belle affaire... Grosse attente, grosse déception, je n’attendrai pas le prochain avec autant de ferveur.
