Voilà, nouveau topic, nouvelle idée. Une fois par mois je viendrai vous faire un petit post sur des albums cultes oubliés par le grand public mais souvent bien connus par les connaisseurs qui ne jurent souvent que par les dites galettes.
Allez on démarre en ce mois de septembre avec un album pop bien connu des amateurs de rock sixties :
Love - Forever Changes
1967 nous a donné tant de choses, tant de rock tantôt psychédélique, tantôt sauvage, tantôt adolescent, tantôt cradingue. C'est en dressant ce bilan qu'on s'aperçoit que Forever Changes, bénéficiant pourtant d'une pochette parfaitement en accord avec son époque, tient véritablement une place à part parmi les albums sortis en cette année.
Troisième album du groupe, venu de Californie, c'est aussi assurément le meilleur de l'excellente discographie de Love.
Un album qui se prend dans sa globalité, impressionnant par sa maturité et sa richesse. Véritable joyau pop dont chaque morceau est autant de facette d'un diamand qui semble avoir longtemps été observé avant d'être taillé, afin que chaque recoin paraisse aussi beau qu'un autre.
La bande d'Arthur Lee nous décoche ici un album complètement mythique, qui laissera une griffe sur énormément de formations à venir, malgré son impact relativement confidentiel comparé aux mastodontes pop tels que les Beatles, les Stones, Bowie etc...
Dès la première piste on comprend notre douleur, on se dit qu'on va vraisemblablement se mettre à genoux devant une pépite pareille. Et dès les premières mesures, on comprend également la recette de Love sur ce disque :
Des riffs de guitare mélancoliques, et des cuivres et cordes qui viennent donner du relief et une lueur de soleil à ces mélodies qui semblent rongées par de trop fréquents crépuscules.
Bref, on insère le disque religieusement dans le lecteur pour la première fois, et c'est Alone Again Or qui nous arrive dans les oreilles.
Un riff de guitare mythique qui fout des frissons, ça vient doucement, et ces choeurs qui déboulent ensuite. Complètement énorme, probablement un des plus grands morceaux de Love mais aussi de la pop des sixties.
On est alors curieux de savoir si le groupe a encore des choses à dire après un éclair de génie pareil. Mais "A house is not a motel" semble un peu différent, plus élancé, plus "rock 'n roll" si on veut. Néanmoins un grand titre, avec des lyrics tueuses et ce riff de guitare distordu un peu sale. Cette fois on ne peut nier l'évidence du talent de ces gars là.
Mais dès la troisième titre, Love nous balancent un autre chef d'oeuvre, après Alone Again Or, voici Andmoregain. Un titre qu'on oubliera jamais après l'avoir entendu même juste une fois, et c'est la force de Love. A la fois très riche mais très simple, Arthur Lee et ses compères ont le don d'écrire des titres qui semblent évidents, qu'on croirait avoir toujours connu.
Ici il est bon de noter aussi ce son de batterie si caractéristique des années 60, un son pas très net mais terriblement marquant qu'on retrouve dans les disques des Who, des Kinks, des Beatles etc... mais bref, je m'égare.
"The Daily Planet" est plus remuante, et possède surtout une ligne de basse qui groove et qui reste également gravée dans la tête direct. On est ici aussi face à un de ces hymnes qui contribueront au séisme qu'aller provoquer l'album. Rien à redire, on peut ne pas aimer, on ne peut pas nier l'excellence de chaque morceau et le travail de dingue sur chaque titre.
"Old Man", plus subtile, tout en finesse, avec la voix d'Arthur Lee comme une brise d'automne qui vient caresser une mélodie sublime. Encore un grand morceau... Un peu de violon en fond et une arrivée de cuivre qui rend le morceau quelque peu épique, puis c'est au tour du piano... des vagues progressives de mélodies toujours plus belles et intenses. Grand titre, à nouveau.
"The Red Telephone" avec son riff qui porte la marque de fabrique du groupe, quelques choeurs également, et bien sûr comme d'habitude des cordes etc... qui aident la mayonnaise à prendre, et elle prend ! Avec une basse un peu plus claquante que sur d'autres morceaux du disque. Comme toujours sur cet album, on est dans le domaine de la perfection.
"Maybe The People Would Be The Times Or Between Clark And Hilldale", c'est un peu le titre "j'envoie la purée" de Love. Relativement puissant (enfin toute proportion gardée, c'est pas du death metal) avec ces cuivres qui font clairement décoller le morceau bien que la batterie soit finalement assez jazzy.
"Live and Let live", retour aux choeurs pour ce morceau, on se croit parti dans un titre subtil et calme mais la batterie arrive finalement et le morceau semble partir dans un trip bien différent. Une nouvelle fois, comme à chaque piste de ce sacro-saint putain d'album, on se fout à genoux devant un songwriting si énorme, un morceau qui présente plusieurs parties variées, mais donc chaque étape semble rendre un peu plus honneur à ce disque somptueux. superbe.
"The Good Humor Man He Sees Everything Like This", finalement très proche de "and more again" dans son intro, on vire ensuite dans quelque chose d'autre, toujours avec beaucoup de violons, et ces lignes de chants mélodiques. Et hop... un lingot de plus dans l'album...
"Bummer in the summer", est un peu le titre en marge de ce disque, avec une ligne de chant très rapide d'Arthur Lee, et des riffs proche de l'américana (alors que le reste du disque est vraiment très pop)
"You set the scene" en guise de cloture d'album... bon et bien encore un grand titre. Des choeurs toujours super bien placés, des lyrics classes, et un refrain qui colle aux tympans des heures entières à chaque écoute.
La réédition comporte aussi des bonus tracks, alternate mix et outtakes. Je vous laisse le soin de les découvrir si vous achetez l'album, cependant c'est également de très bonne qualité, je me devais de le dire.
Au final, si on parle parfois trop facilement d'albums "parfaits" en musique, Forever Changes est un des rares disques qui mérite véritablement cette appellation. Pas de surestimation ici, Forever Changes fait partie de ces albums qu'on aime ressortir chaque fois avec plaisir, un album qui respire son époque et qui pourtant n'a pas vieilli du tout. On entre toujours dans la bulle d'Arthur Lee qui nous fait découvrir son univers parfois mélancolique mais toujours coloré.
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