Salut,
je considère que le mec qui s'expose avec un bouquin doit encaisser les bonnes comme les mauvaises critiques sans broncher. C'est normal, tu ouvres ta gueule, les autres te jugent. C'est tout. Vous avez le droit de ne pas aimer ce texte.
Perso, je l'aime bien, et c'est pas parce que j'en suis l'auteur, d'habitude quand un texte sort je ne l'aime déjà plus. Celui-ci, sur Cobain, je l'ai fini en juin, et je l'apprécie encore, jcomprends pas trop.
Il s'inscrit dans une collection qui ne fait que de la fiction, c'était une commande, quand les mecs de chez Naïve m'ont appelé y a un peu plus de trois ans ils m'ont demandé sur qui je voulais bosser, j'ai pas hésité, c'était Kurt C., direct. Ce mec m'a électrocuté le 7 décembre 1991 (aux Trans de Rennes). Bref, fallait écrire un texte, avec un concept, une petite idée, surtout pas une biographie, ils avaient déjà bossé sur Jagger, Bowie, des mecs comme ça. Me concernant, je ne pouvais accepter le projet qu'à la condition de travailler sur Cobain.
C'était chaud de s'emparer de l'histoire de ce mec, parce que je l'adore. Au début je voulais travailler à la 3ème personne, mais les éditeurs qui connaissaient mon travail souhaitaient que je prenne le risque de la première personne, je trouvais ça prétentieux, hyper casse gueule et tout, mais je me suis lancé, et j'en menais pas large. Mais bon, à l'arrivée, zéro regret, le résultat me plait.
L'idée de base c'était de dire que le succès, la reconnaissance massive ne tiennent à presque rien, je voulais fabriquer un Cobain rageur, frustré, dégoûté par le music business. Un Cobain à qui on n'aurait laissé aucune chance, aucune place, un type incompris. Voilà, c'est aussi con que ça, et c'était intéressant de l'imaginer dans cette situation.
Je respecte le mec, et je connais très bien sa trajectoire, cependant, y a un truc que j'ai jamais pu faire, c'est lire son journal, pourtant une cop me l'avait offert, mais pour moi, lire ce texte, décortiquer ces dessins c'est trop intrusif, j'avais l'impression de faire un truc moche en l'ouvrant, du voyeurisme dégueu. Donc j'ai laissé tomber. J'ai refermé son journal, et je ne pense pas que je le lirai un jour. J'avais accumulé bien assez de matière depuis toutes ces années, je n'avais pas besoin, en plus, de ce foutu journal.
Vous ne comprendrez peut-être pas ma démarche, vous trouverez que c'est encore plus dégueu d'écrire une fiction sur un mec culte comme Kurt Cobain, mais bon, c'était mon hommage à moi, je voulais utiliser "sa langue" comme on peut l'imaginer, la langue de Cobain dans l'inconscient collectif. Celle que j'ai choisie est sans doute fausse, dans la réalité il était probablement plus doux, plus drôle que dans mon texte, mais c'est dans cette direction que je voulais bosser, un Nirvana, à deux doigts du succès, trois mecs qui ne l'atteignent jamais.
Voilà quoi.
|