Marrant, je viens sur ce forum une fois par mois, il y a toujours des gens qui s'engueulent.
Ce que je pense de tout ça :
- qu'un artiste soit ou non sur une major n'est ni un gage de qualité, ni un gage d'"authenticité" (pas plus que l'authenticité n'est synonyme de qualité : il y a plein d'artistes dont l'intégrité musicale ne fait aucun doute et qui pourtant ne font pas de la bonne musique ; je suis sûr que Calogero ou Céline Dion sont à fond dans leur musique).
- la question du hobby. Un type qui va a la pêche tous les week-ends ne cherche pas de "retour sur investissement" : il ne cherche pas à se faire "rembourser" en poisson ce qu'il dépense pour son hobby (matériel, vers, temps, transport...), ou alors il serait déçu. Il pêche pour le plaisir de pêcher, et souvent relâche ses prises. S'il ne fait pas beau, ou si ça ne mord pas, ça n'est pas dramatique pour lui. Un pêcheur professionnel, lui, pêche pour gagner sa vie, et (même si la pêche est sa passion) ça change tout : il n'a pas de job à côté, ne peut pas se permettre de ne pas aller en mer. Ca ne fait pas de lui un "vendu", juste quelqu'un qui est dépendant du bon vouloir de son patron, des conditions climatiques, de l'appétit du poisson.
Pour la musique c'est pareil : remplacez le pêcheur du dimanche par un petit groupe local, le pêcheur pro par un groupe signé sur un label avec obligation de vendre tant de disques, le poisson par le public, le patron-pêcheur par la maison de disques, les conditions climatiques par la "conjoncture musicale actuelle"... L'amateur ne gagne pas grand-chose (perd même de l'argent) mais a plus de liberté ; le pro est plus dépendant, mais gagne plus d'argent (il ne fait pas toujours fortune non plus, hein, mais parvient bon an mal an à joindre les deux bouts). Chaque "camp" a ses avantages et ses inconvénients, le tout est de savoir ce qu'on veut et d'être capable de le réaliser, pour ne pas avoir à se plaindre après. Et ça n'empêche pas les gens de changer "camp", dans un sens (Corbier) ou dans l'autre (Wampas).
- le rôle du public (= du poisson). Il peut se laisser prendre dans les filets des chalutiers industriels ou bien être plus sélectif et mordre à l'appât du pêcheur du dimanche. A la différence du poisson, le public intelligent choisit : il ne se dit pas "c'est un gros label, ça pue" ou "cool, un groupe indie, c'est forcément excellent". Acheter les disques à 5 $ avec artwork en noir et blanc à la sortie des concerts, ou bien les disques digipack à la production ultra-léchée dans les 20 $, tout ça n'est pas incompatible. Comme beaucoup, je trouve moins grave de télécharger un Metallica que le disque de Mansfield.TYA (groupe choisi au hasard dans le sujet [je les ai vues en première partie de Dominique A, c'est original, frais, subtil, seulement plombé par un accent français terrifiant, ce qui est gênant pour la pop anglophone]). Sachant que l'artiste touche plus sur un CD fait maison que sur un CD distribué dans les chaînes (la FNAC de Dijon a en rayons des autoproduits de Freschard, anti-folkeuse locale : ils coûtent 10 $, contre 5 $ à la fin de ses concerts...).
- le coup du CD comme "produit d'appel" des concerts : ça va se généraliser, jusqu'à ce que les concerts aient les mêmes inconvénients que les CDs (prix élevés, qualité médiocre, nombre incroyable de parasites gravitant autour, "bonus" injustifiables artistiquement). Ensuite, sûrement un effet inverse. Il y a des artistes meilleurs sur scène et (plus rarement à mon avis) d'autres meilleurs en studio. C'est souvent très intéressant de comparer les deux (voir comment tel groupe défend sur scène un album hyper-produit, ou comment tel autre essaie de retranscrire sur disques l'énergie de la scène).