Le “folk revival” a eu ses racines en Ecosse dans les années 60, dans des petits bars ou venaient jouer des guitaristes des environs, tard dans la nuit, dans une ambiance arrosée. On y trouvait notamment Anne Briggs, auteur de la chanson dont a été tirée Babe I’m Gonna Leave You de Led Zep, et un jeune jardiner du nom de Bert Jansch, qui éblouissait tout le monde par son talent mais devait emprunter une guitare car il n’en possédait pas. Parmi les influences, on trouvait a la fois le blues, le folklore des îles anglo-saxonnes, et Charles Mingus. On possédait en général peu de disques, et on faisait en général sa propre musique. Cette scène est restée inconnue a l’industrie du disque pendant des années, donc les effets ont été un peu désastreux quand elle a fini par s’y intéresser : on ne connaissait pas le copyright, ils se faisaient confiance pour reprendre les chansons les uns des autres ou des chansons traditionelles sans se les approprier, de toute façon il y avait assez peu d’enregistrements et les soirées étaient gratuites.
Le folk a pourtant eu un impact énorme sur plein de styles musicaux, que ce soit le folk rock de Dylan, Joan Baez, ou des Byrds, ou le psyché Anglais, ou même le punk avec des groupes comme les Mekons ou les Pogues. Evidemment ça parait presque bête de dire que le folk (au sens large) a une influence sur tout, comme c’est la racine de toutes les musiques populaires, avant l’existence des disques.
Voici donc quelques disques essentiels de cette période :
Bert Jansch
Bert Jansch
Le premier album de Bert Jansch, enregistre dans sa cuisine en 1965, alors qu’il ne jouait de la guitare que depuis un ou deux ans. En fait le folk de l’époque avait tendance a avoir des paroles complètement engagées, ou bien a être des chansons complètement traditionnelles, et Bert Jansch rompt un peu avec cette tradition, puisque les chansons engagées le sont assez subtilement.
Bert Jansch & John Renbourn – Bert & John
Un album en collaboration avec son future collègue de Pentangle, John Renbourn, on y trouve notamment une reprise de Charles Mingus.
Jack Orion
Souvent considère comme son meilleur album.
Jackson C. Frank
Blues Run The Game
Seul survivant (défigure) d’un incendie a son école quand il était petit, délaisse par l’industrie du disque a cause de son apparence physique, l’Américain Jackson C. Frank a fini ses jours comme clochard. Mais il nous a laisse cet album complètement incroyable. Si je devais conseiller un seul album folk ce serait celui-ci, avec des chansons bouleversantes comme Blues Run The Game, ou Milk & Honey, et bien d’autres encore.
Fred Neil
Bleecker & MacDougal
Encore un artiste Américain, d’ailleurs il s’agit plus de blues acoustique que de Folk. A première vue c’est du Dylan avec une voix plus douce, mais ça devient très attachant après plusieurs écoutes.
Martin Carthy
Martin Carthy & Dave Swarbrick – Byker Hill
Une collaboration entre le guitariste Ecossais Martin Carthy et le violoniste Dave Swarbrick. La on revient a du folk pur et dur, meme au niveau du chant il n’y a aucune influence blues. On y trouve notamment des versions de chansons traditionnelles comme John Barleycorn (qui a l’air de parler du meurtre et de la torture d’un infortune nomme John Barleycorn, en fait ça parle de la récolte du blé), et l’arrangement de Scarborough Fair qui a inspire celui de Paul Simon (qui l’a entendu a un dîner entre amis chez Martin Carthy et s’est dépêche de se l’approprier des le lendemain).
John Fahey
The Transfiguration of Blind Joe Death
Un album instrumental d’un grand guitariste, sorti en 1960, avec des tas d’accordages differents, des influences Orientales (sur I Am The Resurrection par exemple), et encore des vieux morceaux traditionnels. Lee Ranaldo a ete copain avec lui.
The Fairport Convention
Liege & Lief
Le groupe qui a marque un peu la transition du folk vers le psyché, avec la guitare de Richard Thompson et la belle voix de Sandy Denny (qui, au passage, battait facilement John Bonham de Led Zep dans des concours de beuverie). On y trouve des histoires de militaires qui desertent l’armee (The Deserter, chante par Sandy Denny ca fait un effet assez decale), des dames qui trompent leurs seigneurs avec des jeunes paysans (Matty Groves), et une nette influence psychedelique (Reynardine, Quiet Joys of Brotherhood).
Richard & Linda Thompson
I Want To See the Bright Lights Tonight
Une collaboration entre le guitariste des Fairport et sa femme Linda (maintenant ex-femme). En fait ils ont plusieurs albums ensemble de grande qualite (Shoot Out The Lights, Pour Down Like Silver). L’ennui c’est qu’on a envie d’assassiner le batteur, qui fait des « bom…. tsss… ! » assez dispensables au fond. Mais entre la belle voix grave de Linda, le chant assez atypique de Richard, et le jeu de guitare virtuose de ce dernier, on a vite fait d’oublier tout ca.
Donc voila, laissez tomber vos idees recues sur le folk hippie naif, et plongez-vous dans une oeuvre dix fois plus punk que les Sex Pistols. Pour les frilleux, il vaut mieux commencer par Bert Jansch ou Jackson Frank, mais le reste vaut largement le detour. Dans quelques annees vous serez comme moi a convoiter les coffrets Alan Lomax. Et remarquez, j’ai toujours pas entendu Woody Guthrie, donc si quelqu’un veut bien en parler ce serait sympa.
(J'ai fait ca dans Word, j'ai eu la flemme de rajouter les accents vers la fin, donc y a certainement une ou deux fautes).
Dernière édition par Ashtray Heart le Jeu Mai 03, 2007 1:24 pm, édité 4 fois au total.
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