Résumé du concert:

Longtemps, cet enregistrement constitua la plus ancienne trace des débuts scéniques de Nirvana. Vendu sous la forme d'un bootleg intitulé (à tort) "Tacoma 1987" pas si facile à trouver, il y a eu longtemps confusion autour de la date, Nirvana s'étant produit dans cette salle à deux reprises sur une période serrée (fin 87/début 88).L'origine de la source audience est restée floue quelques temps, certains (dont un guide non-autorisé des bootlegs de Nirvana, évidemment publié en Italie!) affirmant que ce son mono très médiocre, plein de souffle, était certainement le résultat d'une captation avec un magnéto ou un walkman enregistreur...Il n'en est rien, puisqu'il a depuis été montré que l'audio provenait d'une vidéo amateur du concert bien connue des traders désormais.

La journée de Nirvana (qui ne portait pas encore son nom définitif, ils se produisirent ce soir là sous le nom "Ted, Ed, Fred") est bien documentée. La paire Cobain/Novoselic, accompagnés de leur pote Dale Crover , batteur des Melvins, investirent d'abord le mythique Reciprocal Studio de Jack Endino à Seattle pour une séance- marathon où 10 titres furent couchés sur bande en quelques heures (formant ainsi la première vraie démo professionnelle du groupe) avant de revenir sur Tacoma assurer fièrement (et gratuitement) leur concert du soir.

Il est bizarre de constater qu' une bande soundboard existe (trois titres surfacés seulement sur le coffret officiel "With the lights out"), très certainement issue des archives du groupe. Cette pratique d'enregistrer le concert sur la console est très répandue chez les jeunes groupes. Mais là, le trio avait passé la plus grosse partie de la journée en studio à enregistrer les mêmes morceaux que ceux du show...A moins qu'il ne s'agisse de garder une trace de "Raunchola" et de "Pen Cap Chew" (le groupe n'avait pas pu compléter cette chanson dans l'après-midi, étant à cours de bande et n'ayant pas les moyens de s'offrir une nouvelle bobine) ?
La bande soundboard a peut être, par déduction, été enregistrée sur une face de K7 de 90 minutes : en effet, on peut entendre la fin de face sur "with the lights out" et le set a duré approximativement 45 minutes...

Il s'agit d'un des tous meilleurs concerts des débuts de Nirvana : le groupe est bien en place, joue bien, alors qu'il n'a que peu d'expérience scénique à ce stade, à l'exception de Crover, dont la frappe mammouth compte beaucoup dans la qualité de la performance. On l'entend énormément sur la prise audience du show, moins sur les titres soundboard : vu son jeu "hénauuurme" et la petite taille de la salle, il est possible que sa batterie n'ait pas été beaucoup sonorisée (c'est à dire avec peu de micros autour de la batterie, au lieu d'un micro pour chaque élément du kit). Cela se fait parfois dans de petites salles. Le public entend donc surtout une batterie "au naturel", qui ne passe pas trop par la sono. Et du coup, tout enregistrement sur console est assez léger en batterie dans ces cas là, et c'est le cas ici.

Le Community World Theater était équipé (ou plutôt lesté) d'une sorte de souffllerie, ce qui fait qu'un souffle est audible lors des temps morts de ce concert, dès le début, et même un peu sur le soundboard (voir le début de "Downer") !
Pour en revenir sur le show : pour ceux qui connaissent la démo enregistrée le jour même (de nombreux titres existent officiellement sur "Bleach" et 'Incesticide"), pas de surprise majeure. Les versions proposées sont évidemment très proches de leurs homologues studio (surtout enregistrés comme ils le furent, dans des conditions proches du live) mais gagnent parfois en lourdeur ("Floyd the Barber"). Quelques raretés toutefois, dont ce "Anorexorcist" qui profite énormément du jeu de Crover (qui rime avec "rouleau compresseur") et dont l'accordage semble encore plus grave que sur la version à radio KAOS...et ce fascinant "Raunchola", bancal et sautillant à la fois, très speed (premier vers de la chanson : "this is a hardcore beat"), avec une ligne de basse fantasque et totalement dissonnante (à la "Hairspray Queen") ,achevé par une citation de "Moby Dick" de Led Zeppelin puis une improvisation très bruitiste où Kurt utilise des effets assez différents de ceux qu'il utilisera plus tard (il a changé de pédale) et qui se finit en apesanteur sous les cliquetis de cymbale et une basse hypnotique...Inhabituel, limite art-punk, mais très appréciable.

Quelques ratés ici ou là, comme ce planton rythmique au début de "If You Must" que Novoselic et Crover rectifient vite, Cobain trébuche parfois sur les paroles ('Floyd the Barber" encore, dès le premier vers!) mais on sent surtout une énorme envie d'en découdre, dans le chant de Cobain notamment, déjà franchement impressionnant, et dans le jeu, malgré un matériel encore très chétif : la pédale d'effets de Kurt est un peu longue à la détente (on le remarque sur le soundboard, difficile sinon...) et "Hairspray Queen" doit être abandonné et repris plus tard à cause d'un problème de basse de Krist qui en emprunte une autre pas beaucoup plus glorieuse à un certain Dave (elle se désaccorde à vitesse grand V sur "Raunchola"). Le public, timide au début (aucun applaudissement à l'entrée sur scène, ni après la première chanson, "If You Must") est finalement conquis et rappelle à la fin, même si Krist semble se prendre un peu la tête avec un membre du public (difficile de savoir ce qui se passe). Un bon concert, en tout cas.


Informations, extraits audio et notations:

Set List
If You Must - Downer - Floyd The Barber - Paper Cuts - Spank Thru - Hairspray Queen (part of) - Aero Zeppelin - Beeswax - Mexican Seafood - Pen Cap Chew - Anorexorcist - Hairspray Queen - Raunchola > Moby Dick (jam)

Set List: ??/10 Difficile de juger les premières setlists d'un groupe qui joue alors tout son répertoire. Des raretés appréciables avec le recul, en particulier "Anorexorcist" , "Beeswax" et l'énorme "Raunchola"/"Moby Dick Jam".

Performance: 8/10 Très carrée pour un groupe encore jeune, mais il est vrai que Crover tire aussi les autres vers le haut (forte influence Melvins dans ces premiers morceaux, il est donc en phase...). Le trio ne semble pas fatigué par les heures de studio et les trajets, "Downer", par exemple, est explosif. Peu de communication avec le public.

Enthousiasme: 7/10 La maigre assistance est totalement absente au début puis semble apprécier ce p'tit groupe inconnu.

Audio: 6/10 c'est le hic de ce concert : la prise de son gâche une grande partie du plaisir. Assez fatiguante, un peu difficile à écouter en entier, la prise audience est plutôt brouillonne...9/10 pour le sbd.

Video:6/10 Médiocre. Elle a au moins le mérite d'être stable mais hélas sans zoom.

Note Trade 7/10


Redacteur:

Dummytree